Cancer du pancréas : la science perce le mystère de son expansion fulgurante

Publié le 12 juin 2025

Longtemps considéré comme rare, le cancer pancréatique affiche désormais une progression préoccupante, avec un bond de plus de 50% des cas en 10 ans. Une récente avancée scientifique révèle enfin les mécanismes à l'origine de cette maladie de plus en plus redoutée par le corps médical.

Une inquiétante progression depuis 30 ans

Entre 1990 et 2018, les diagnostics de cancer pancréatique ont bondi de 2,7% annuels chez les hommes et 3,8% chez les femmes. Si cette courbe ascendante se maintient, cette pathologie pourrait se hisser au deuxième rang des cancers les plus mortels, juste après le cancer pulmonaire. Mais comment expliquer cette inquiétante progression ?

Tabac et alcool : les coupables désignés

Pancréas humain

Ce petit organe en forme de feuille, niché derrière notre estomac, est un acteur clé de notre digestion et de la régulation glycémique. Quand une tumeur s’y installe, son diagnostic tardif complique souvent la prise en charge.

Parmi les responsables identifiés, la cigarette et les boissons alcoolisées arrivent en tête. Selon les estimations du Circ, elles interviendraient dans 20 à 30% des cas. Autre élément à considérer : le diabète de type 2, qui multiplierait le risque par 1,8.

Le Dr Antoine Hollebecque, oncologue spécialisé à Gustave Roussy, tempère cependant : « Ces facteurs n’expliquent pas à eux seuls cette augmentation spectaculaire. Les mécanismes complets nous échappent encore. »

L’hérédité : un facteur à ne pas négliger

Schéma cancer pancréas

Dans 5% des situations, des mutations génétiques héréditaires entrent en jeu. Certaines anomalies génétiques liées aux cancers mammaires, par exemple, pourraient également favoriser son apparition.

Le risque s’accroît significativement lorsque plusieurs membres d’une même famille sont concernés. En cas d’antécédents familiaux, une consultation médicale permet d’évaluer la nécessité d’un suivi spécifique.

Notre environnement sous surveillance

Environnement urbain pollué

Les chercheurs explorent également la piste environnementale. Polluants atmosphériques, résidus de pesticides, additifs alimentaires… autant de suspects potentiels, même si les preuves scientifiques manquent encore. Notre rythme de vie moderne, avec son stress chronique et son alimentation ultra-transformée, pourrait également participer à cette équation complexe.

Ce cancer se déclare généralement entre 60 et 70 ans. Son dépistage précoce reste un défi majeur, car il évolue souvent silencieusement durant ses premiers stades.

Pronostic : où en est-on aujourd’hui ?

Les chiffres restent alarmants : la durée médiane de survie post-diagnostic ne dépasse pas douze mois. Seuls 20% des patients environ peuvent bénéficier d’une intervention chirurgicale combinée à une chimiothérapie, traitement offrant les meilleures perspectives.

Le taux de survie à cinq ans plafonne à 5-10%, un chiffre stagnant depuis les années 1970 selon l’American Cancer Society. La recherche et la prévention constituent donc nos meilleurs atouts pour espérer renverser cette tendance.

Identifier les facteurs de risque et adopter une hygiène de vie équilibrée représentent déjà des protections non négligeables.