Pourquoi la monotonie amoureuse éteint-elle la flamme du couple ? L’éclairage d’une experte

Contrairement aux idées reçues, ce n'est pas toujours l'absence de sentiments qui fragilise les unions, mais l'installation progressive d'une relation trop prévisible. Une thérapeute dévoile les mécanismes insidieux par lesquels la répétition quotidienne étouffe le désir. Plongée dans les rouages méconnus de la vie à deux.
Quand la passion s’éteint en silence
Après des décennies à observer les mécanismes amoureux, la psychothérapeute renommée Esther Perel partage une observation frappante : les couples ne s’éloignent généralement pas par manque d’affection. Le véritable problème ? L’habitude insidieuse qui s’installe – cette « mélancolie à deux » qui grignote progressivement l’intimité. Pas de drames, pas de disputes… juste une imperceptible dérive.
Son analyse remet en question les croyances communes : fréquemment, on ne cherche pas une nouvelle relation par déficit amoureux, mais pour retrouver une part de soi oubliée. Ce n’est pas son partenaire qu’on abandonne, mais le sentiment d’avoir perdu sa propre étincelle.
La routine, ennemi numéro un du désir
Les années défilent, les habitudes se cristallisent : travail-repos, repas rapides, weekends toujours identiques. Progressivement, le couple devient une équipe bien rodée fonctionnant sur pilote automatique. L’émerveillement des premiers temps laisse place à une douce répétition.
Perel qualifie ce phénomène d’« étouffement progressif » du désir, où l’on ne prend plus le temps de s’étonner de son partenaire. On pense tout savoir de l’autre, on devine ses réactions, on oublie de surprendre. Curieusement, c’est l’excès de stabilité qui affaiblit la magie du couple, bien plus que les désaccords.
Raviver la flamme au jour le jour
La clé ? Perturber la routine sans tout chambouler. Pour l’experte, tout réside dans l’art de se redécouvrir mutuellement. Il s’agit de regarder son partenaire comme une énigme à résoudre – avec ses mystères, ses paradoxes, son irréductible unicité.
Elle recommande d’introduire de l’inattendu dans le quotidien : un restaurant improvisé, une révélation inédite, une activité insolite à partager. Ces petites escapades communes recréent le frisson des débuts, ranimant l’attraction là où l’habitude l’avait endormie.
Aimer sans étouffer
Autre écueil pointé par Perel : vouloir façonner l’autre à son image. Une relation équilibrée respecte les divergences, les espaces personnels, les centres d’intérêt distincts. Le véritable amour honore la différence plutôt que de la nier.
Plutôt que d’espérer un changement improbable, mieux vaut initier soi-même des gestes inattendus : un mot tendre caché dans une poche, une attention inhabituelle, un regard neuf sur le familier. Ces marques d’affection imprévues préparent le terrain pour une renaissance amoureuse.
L’essentiel : se redécouvrir soi-même
Au final, le message de Perel résonne avec clarté : quand on croit fuir son couple, c’est souvent une part endormie de soi qu’on cherche à réveiller. La renaissance passe par une reconquête personnelle – réapprendre ses désirs, ses aspirations, sa soif de vivre.
Raviver la passion ne nécessite pas de grandes déclarations, mais des actes délibérés : un clin d’œil complice, une écoute véritable, la volonté de continuellement s’émerveiller devant celui ou celle qu’on croit si bien connaître. Car l’amour durable est une plante qu’il faut arroser quotidiennement, jamais définitivement acquise.