L’importance d’une épargne de précaution en espèces à domicile
Dans un monde où les transactions électroniques prédominent, les autorités monétaires conseillent paradoxalement de maintenir un pécule liquide à portée de main. Cette recommandation surprenante s'inscrit dans une démarche de prudence face aux aléas techniques susceptibles de compromettre nos moyens de paiement numériques.
Combien d’argent liquide garder chez soi ? La réponse de la BCE

Pas besoin de constituer un trésor de pirate ! Selon une étude récente de la Banque Centrale Européenne intitulée Keep calm and carry cash (littéralement « Restez zen et ayez du liquide »), il serait raisonnable de conserver approximativement 70 à 100 € par personne à son domicile. Ce montant, volontairement modéré, couvrirait les besoins essentiels pendant environ trois jours entiers – soit 72 heures d’autonomie.
Pourquoi cette durée spécifique ? Elle représente généralement le temps nécessaire pour qu’une perturbation temporaire se résorbe – qu’il s’agisse d’une coupure de courant étendue, d’une défaillance des systèmes de paiement ou d’un problème informatique d’envergure.
Les fondements de cette recommandation
La position de la BCE ne repose pas sur des scénarios alarmistes. Son analyse s’appuie sur l’observation de quatre situations concrètes survenues ces dernières années :
- La crise financière en Grèce (2008)
- La pandémie de Covid-19 (2020)
- Le conflit en Ukraine (2022)
- Et plus récemment, une panne d’électricité majeure en Espagne (2025)
À chaque épisode, un phénomène identique s’est produit : les citoyens se sont précipités vers les distributeurs automatiques, créant des files d’attente importantes.
En Espagne particulièrement, dès le lendemain de la panne, les retraits d’espèces ont connu une augmentation spectaculaire – y compris dans des zones non touchées par la coupure. Pour les analystes, cela révèle qu’en période d’incertitude, notre recherche de sécurité nous oriente naturellement vers le concret… et quoi de plus tangible que des billets dans son portefeuille ?
Le cash : entre réconfort psychologique et praticité

Francesca Faella et Alejandro Zamora-Pérez, experts à la BCE, expliquent ce comportement avec des termes évocateurs :
« L’argent physique apporte une satisfaction à la fois affective et utilitaire. Sa matérialité rassure et donne une impression de contrôle sur les événements. »
Surtout, il demeure utilisable sans alimentation électrique ni connexion internet. En cas de défaillance technologique, vous pourrez toujours acheter des denrées alimentaires, de l’eau ou payer un service de transport. Une indépendance préservée que nos moyens de paiement digitaux ne peuvent assurer.
Faut-il s’inquiéter de cette suggestion ?
Pas du tout. Cette recommandation ne relève pas d’une vision apocalyptique : elle vise simplement à développer notre résilience individuelle. Maintenir une réserve modeste d’espèces chez soi, c’est comparable à disposer d’une trousse de premiers soins ou de bouteilles d’eau de secours. Ce n’est pas faire preuve de pessimisme, c’est simplement… faire preuve de bon sens.
D’ailleurs, plusieurs pays recommandent déjà officiellement cette pratique : la Finlande, les Pays-Bas, l’Autriche – et la France également – incitent leurs habitants à conserver une petite réserve en liquide, par principe de précaution.
Comment et où conserver cette réserve ?
Rangez ces fonds dans un endroit discret mais facilement accessible (privilégiez les lieux secs et peu exposés). L’objectif n’est pas d’accumuler une fortune, mais d’avoir à portée de main de quoi faire face à une situation d’urgence passagère.
Un réseau de paiement défaillant, un terminal hors service ou une coupure générale d’électricité, et soudain tout peut s’arrêter. Alors oui, dans notre ère du tout-numérique, quelques billets soigneusement conservés… pourraient bien devenir votre meilleure assurance.
