Pourquoi tant de femmes endurent des mariages malheureux : l’emprise silencieuse de la précarité

Publié le 26 juin 2025

Lorsque le couple se délite, beaucoup de femmes préfèrent rester malgré la souffrance. Un phénomène qui s'explique moins par de la passivité que par la crainte concrète de se retrouver démunies. Décryptage des mécanismes invisibles qui paralysent les décisions de séparation.

Divorce et précarité financière : un obstacle majeur pour les femmes

Femme réfléchissant à ses droits lors d'un divorce

Saviez-vous qu’en France, près de la moitié des unions matrimoniales se terminent par une séparation ? Ce qui frappe particulièrement, c’est que les femmes initient souvent cette démarche. Pourtant, 25% d’entre elles avouent renoncer à divorcer uniquement à cause de leurs difficultés économiques. Une réalité qui prend tout son sens lorsqu’on examine les conséquences financières d’une rupture.

Les recherches de l’Observatoire de l’émancipation économique des femmes révèlent des disparités alarmantes : après un divorce, le niveau de vie des femmes diminue en moyenne de 22%, alors que les hommes ne subissent qu’une baisse de 3%. Plus grave encore, une femme sur cinq bascule sous le seuil de pauvreté suite à la séparation. Des chiffres qui en disent long sur les inégalités persistantes.

La théorie du « pot de yaourt » : comment la gestion financière déséquilibre les couples

D’où vient cette disparité ? Tout commence généralement par la répartition traditionnelle des rôles dans le foyer. Dans les couples hétérosexuels, il est fréquent que la femme perçoive un revenu inférieur à celui de son conjoint. Si elle s’occupe principalement des tâches quotidiennes (scolarité des enfants, gestion du foyer, suivi médical), les décisions financières importantes reviennent souvent à l’homme.

Ce phénomène a été théorisé sous le nom de « principe du pot de yaourt » : pendant que l’épouse gère les dépenses courantes (nourriture, besoins familiaux, organisation), son partenaire se charge des placements et des investissements à long terme. Conséquence : lors de la séparation, l’un conserve son patrimoine tandis que l’autre se retrouve avec des tickets de caisse comme seul héritage.

Les raisons qui poussent les femmes à rester (même dans des relations éteintes)

Femme contemplative face à une décision difficile

Au-delà des considérations pécuniaires, d’autres facteurs expliquent pourquoi certaines femmes persistent dans des relations qui ne les satisfont plus. La peur du changement joue un rôle important. L’étude Eve & Co montre que 34% des femmes citent la « crainte de l’inconnu » comme principal motif pour rester. On s’accommode d’une situation inconfortable mais familière, par peur de ce qui nous attend après.

Pour 30% d’entre elles, c’est une affection diminuée qui les retient, tandis que 25% avouent ne plus ressentir aucun attachement. Enfin, 11% évoquent carrément la peur : crainte des réactions de leur conjoint, appréhension face à l’instabilité, ou terreur de l’avenir incertain.

Et les hommes dans tout ça ?

Mère divorcée avec son enfant

Contrairement aux stéréotypes, les hommes sont moins nombreux à initier les procédures de divorce. Le psychologue Mark Travers explique ce phénomène par une dépendance affective plus marquée chez eux vis-à-vis du couple. Même insatisfaits, beaucoup redoutent de perdre leurs points de repère, leur statut social ou simplement le confort d’une vie à deux.

Dans une société où l’expression des sentiments reste souvent un tabou masculin, nombreux sont ceux qui choisissent le statu quo plutôt que la rupture. Une sorte de paralysie émotionnelle qui, ironiquement, peut rendre la situation encore plus complexe pour leur compagne.

Libérer la parole : un préalable nécessaire

Ce tableau ne doit pas être perçu comme décourageant, mais plutôt comme un appel à l’action. Il souligne l’urgence de mieux préparer les femmes à leur indépendance financière, et ce dès le début de la relation conjugale. Aborder ouvertement les questions d’argent, connaître ses droits, s’initier à la gestion budgétaire : autant d’outils qui peuvent redonner confiance à celles qui hésitent à franchir le pas.

Et surtout, n’oublions pas cette vérité essentielle : prendre soin de soi implique parfois de savoir mettre un terme à ce qui ne nous rend plus heureuses. Même si cela exige du courage, de la patience… et souvent un soutien extérieur approprié.

Car la liberté de choix ne devrait jamais dépendre de considérations matérielles.